Depuis neuf mois, Faniry Rasoanaivo s’est lancé dans l’élevage de mouches soldats noirs ou Hermetia illucens. Depuis sa cour, elle représente le groupe ECOFLY d’Antananarivo. Marché nouveau mais florissant, la vente de larves de mouches offre une solution face au gaspillage alimentaire et au chômage, tout en laissant une liste non-exhaustive de possibilités à ses ailes.
Pourquoi l’élevage de soldats noirs ?
L’initiative est partie d’un partage d’expériences avec Black Soldier Fly Farming (BSF) Toamasina. Le concept est simple : les soldats noirs ont un cycle de croissance de 45 jours ; éclos en cinq jours, ils en prennent dix pour devenir des larvaires, 15 pour atteindre le pré pupe et 20 pour se transformer en pupes ou en chrysalide puis une à deux semaines en mouches adultes.
Il m’a fallu acheter des pré pupes pour commencer l’élevage, et maintenant j’en revends pour ceux qui souhaitent se lancer.
Des insectes nettoyeurs ?
L’élevage de soldats noirs est une pratique très saine. Ce type d’insecte est différent des mouches ordinaires, car il nettoie et ne laisse ni de trace ni d’odeur.
Ce sont des insectes faciles à nourrir, car leurs larves se nourrissent de déchets organiques. 100 grammes de larves se nourrissent de cinq kilos de déchets organiques, et ce tous les cinq à dix jours. Une fois adultes, elles pondent à leur tour, puis le cycle se répète.
Les larves de soldats noirs se nourrissent de tous les types de déchets organiques, ce qui résout en grande partie le souci de collecte de déchets dans les environs, et auprès des sociétés partenaires.
Une alternative pour l’alimentation animale…
Les larves de soldats noirs sont très prisées, surtout par les éleveurs. Elles constituent déjà un aliment à base de 45 % de protéines et à 30 % de lipides, ce qui les rend idéal pour les poules, les cochons ou les poissons si les poussins peuvent déjà se nourrir de larves. Le prix de la provende animale fait parler plus d’un, mais les larves de soldat noir peuvent remplacer jusqu’à 50 % de cette nutrition, à chaque animal sa préparation. Les larves séchées sont également très recherchées, surtout par les éleveurs qui ne souhaitent pas se lancer dans l’entretien des soldats noirs, mais qui cherchent de la nourriture finie.
Une possibilité d’être transformée en engrais ?
Si l’on pousse un peu les recherches, ils peuvent également être transformés en engrais bio-organique ou en huile cosmétique. Les possibilités sont infinies, et la pratique commence à peine sa lancée dans toute l’île. Jusque-là, la BSF n’est implémentée qu’à Toamasina, Marovatana Ambohidratrimo et Antananarivo, mais tous les acteurs et nouveaux éleveurs de soldats noirs sont réunis dans un groupe sur les réseaux sociaux où des partages et de nouvelles découvertes affluent.
Une activité rentable ?
Le kilo se vend entre 100 000 Ariary le kilo de pupe et 60 000 Ariary le kilo de larves. C’est une activité qui peut très bien être entreprise par tout individu, il ne requiert pas d’espace énorme : le premier défi est la construction d’une « cage love » pour abriter les soldats noirs, de créer l’environnement propice à leur accouplement, et le reste soit la nutrition et la collecte des œufs une fois le soleil couché, est tout à fait praticable en air libre.
Quels sont les défis ?
Pour l’instant, je travaille seule. Il y avait bien une équipe, mais c’est moi qui gère tout en ce moment : de la collecte des déchets tous les deux à trois jours auprès des ménages, au filtrage des larves et des pré pupes. Il s’agit, en plus, d’un concept qui intéresse énormément les éleveurs : la demande en est croissante. Faire face à cette demande est la satisfaire est un des plus grands défis du secteur, quel que soit l'endroit à Madagascar. Avec mes soldats noirs, j’arrive à produire jusqu’à 50 kilos de larves par cycle, mais ce n’est pas toujours assez. C’est à ce moment que je demande l’aide du réseau, pour combler le manque.
Un secteur qui prend désormais son envol…
La communauté BSF se met au défi d’offrir des formations gratuites à tous ceux qui sont intéressés, aux formés d’acheter leurs pré pupes pour commencer à se lancer. L’activité est rentable si l’on peut en assurer une bonne production. L’élevage est davantage propice si elle est pratiquée au sol, c’est un système qui facilite le tri des larves. D’ailleurs, cette méthode est mon prochain défi, en plus de produire, pour bientôt, j’espère, des larves séchées. De l’engrais, de la nourriture pour les animaux de ferme, et bientôt les animaux domestiques, de l’huile employée dans le domaine du cosmétique… le secteur offre un large choix d’alternatives pour évincer le gaspillage et le chômage, sans forcément occuper trop d'espace.
La Black Soldier Fly
(BSF) ou mouche soldat noire est un insecte originaire du continent américain. Elle est aujourd’hui naturellement présente à Tahiti et dans ses îles.
En six semaines, un kilo d'œufs de mouches noires se transforment en six tonnes de larves.
Entre 40 et 50 % du poids de la matière sèche d’une larve de mouche soldat noire est constitué de protéines.
La mouche soldat noire ne mord pas, ne pique pas et n’est pas un vecteur de maladies. Elle est d’un naturel discret et n’est pas envahissante. Ce n’est donc pas un insecte nuisible.
Source : https://www.up-to-us.veolia.com/
Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa