Nous étions tous les deux seuls à la maison
31 décembre 2024 // 1541 vues 

Nous étions tous les deux seuls à la maison. Mes parents étaient sortis et ils étaient aussi les siens, même si j'étais l'oncle et elle la nièce. Cela me ramenait à un temps où sa mère et moi restions seuls à la maison, alors que nos parents, ceux-là même qui avaient des obligations sociales cette nuit, sortaient pour quelque chose comme une cérémonie de mariage. Cette fois, j'étais à la place qu'occupait à l'époque ma grande sœur. Elle m'avait façonné et offert ce que j'ai eu de plus beau. Je ne lui arriverais jamais à la cheville en cela. J'allais faire de mon mieux pour aimer sa fille d'une façon qui m'était propre. D'ailleurs elle m'a dit : « Tonton ! C'est l'heure de se coucher maintenant ! » Les cheveux en bataille, elle me regardait de ces yeux coquets, qu'elle avait empruntés à son père. Elle avait un grand livre illustré à la main, elle tenait celui-ci ostensiblement pour m'indiquer ce que j'avais à faire. Nous nous sommes mis dans le lit à barreaux, encore trop grand pour elle et déjà trop petit pour moi. Je pliais les jambes et commençais à lui lire une histoire.

La veilleuse faisait tomber sa lumière sur les paillettes qu'elle portait pour dormir. Elle aimait les couleurs et la brillance des choses ; elle voulait les porter jusque dans son sommeil. Nous nous sommes mis à jouer avec les reflets dansant sur la moustiquaire. Sa petite main se mesurait à la mienne, faisant ressurgir des souvenirs de ma propre enfance. Je rêvais alors d'être admiré pour la beauté de ce que j'allais écrire et je me rendais compte qu'un tel rêve avait très mal vieilli. Je ne serais jamais plus que son oncle, celui avec qui elle avait partagé ses parents. Les reflets de ce qui brille dans la lumière étaient pour nous un divertissement, jusqu'à ce que sa main ne retombe de fatigue. Elle ne se souviendrait sûrement pas de cette nuit, et moi j'y avais mis toute mon essence. Je ne lui en voudrais certainement pas, comme mes parents ne m'en avaient pas voulu, d'avoir oublié les premiers instants de notre voyage. C'était tout ce dont j'étais capable. Je ne toucherais pas grand monde en définitive, avec mes textes. Mais j'étais allongé aux côtés d'un petit être sous le toit d'un chapiteau. Et nous effleurions des débris d'étoiles dans le ciel.

Izika

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