Vaovy : Beko & Blues
1 janvier 2020 // Musique // 11094 vues // Nc : 120

Après quelques années d’absence, Vaovy revient sur scène avec une nouvelle formation. Desy, un des fils de Jean Gabin Fanovona, fondateur du groupe disparu dix ans plus tôt, en est le leader. Un retour plus traditionnel, plus acoustique, du Beko & Blues.

« Salakao » est l’un des titres les plus connus de la musique a cappella malgache. Repris par le groupe Salala, c’est bien Jean Gabin Fanovona, fondateur du groupe Vaovy, qui en a composé ce titre. Décédé en 2010, ce compositeur hors pair a laissé de nombreuses œuvres encore ignorées du grand public. Sa passion pour la musique, il l’a développée comme membre de différentes chorales, notamment celle d’Ambovombe, sa ville natale du Sud.

Grand défenseur de la musique traditionnelle malgache, il a participé à différents festivals comme le Masa (Marché des arts du spectacle africain) mais a aussi donné des cours en France. C’est en 1974 que Jean Gabin Fanovona créé le groupe Vaovy tiré du nom d’un arbre endémique de Madagascar dont le bois est utilisé pour construire les charrettes à zébu chez les Antandroy. Le groupe se démarque par des harmonies vocales inspirées du beko, un chant traditionnel a cappella du sud souvent comparé au blues ainsi que le drimotse, un son produit par le raclement de la gorge.

Jean Gabin y apporte une touche plus moderne en mélangeant les instruments traditionnels avec des instruments électriques, plus basse et batterie, ce qui lui a permis de produire cinq 45 tours en 1984. Une de ses chansons « Kila raha » sera également repris dans les albums « Ladies of Africa » (2008) et « The World of Indigo. » (1995) À la mort de Jean Gabin, le groupe a préféré s’éloigner de la scène musicale. « Pour nous, c’était une grande période de deuil. Mais aujourd’hui, nous revenons pour rendre hommage au travail de notre père et continuer à valoriser la musique du Sud », explique Desy. Il se concentre ainsi sur le concept du Beko & Blues avec une formule plus acoustique.

On retrouve Damy au lokanga voatavo (violon), Rebara au marovany de 24 cordes (cithare malgache), Mbola à la danse, Say et Sorognaze’e au chant. Les percussions comme le langorona (tambour) rythment parfois les chants et s’ajoute souvent à cela, le tsinjaky, une danse typique du Sud. Mais c’est le son particulier du lokanga qui fait la renommée de Vaovy. Quant aux thèmes, ils restent les mêmes, toujours liés aux problématiques du Sud, notamment, la sécheresse. « Mon père a écrit plusieurs titres comme Omeo rano (Donnez-nous de l’eau) ou Androy tane mileven-drano (Androy la terre où l’eau est enterrée). Malheureusement, ce problème persiste aujourd’hui. D’ailleurs, le vaovy est aussi utilisé dans la fabrication de récipients pour transporter de l’eau. »

De son vivant, Jean Gabin a sorti deux albums « Angira » (1995) et « Vamba » (2001). Pour ce dernier, il a collaboré avec Régis Gizavo à l’accordéon, Ialy Tsilomay au lokanga, Solo Razaf à la guitare et Vincent Bucher à l’harmonica. Cette année, l’actuel groupe compte produire un nouvel opus intitulé « Salama » composé de douze titres. Du pur Beko & Blues !

Propos recueillis par  Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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