Trema Mickaël : Danseur géométrique
9 avril 2023 // Arts de la scène // 5597 vues // Nc : 159

Combiné l’art Zafimaniry et l’art de la danse, c’est la signature de Trema Mickaël, connu sous son nom d’artiste, Xtrema. Le jeune danseur a décidé d’intégrer les symboles Zafimaniry dans la réalisation de ses figures. Géométrie et symboles entrent dans la danse.

La base de la danse de Xtrema est inspirée du tutting géométrie, un style que l’on retrouve aujourd’hui dans le milieu du hip hop également appelé « égyptien » qui consiste à créer des figures géométriques à partir de ses doigts comme celles que l’on retrouve sur les hiéroglyphes et  les représentations du Roi Tut. L’autre appellation, c’est le Tetris, comme le jeu vidéo. Mais le tutting aurait été inventé par Greg Irwin en 1988 car il cherchait à améliorer la mobilité de ses doigts pour jouer au piano d’où le nom « finger tutting. » Ce style a également intégré le milieu du hip hop aux Etats-Unis dans les années 90 à travers le popping, appartenant au funk-styles.

Figure 1
Ringitra ou Rainures signifiant ensemble avec amitié
Figure 2
Voambagnana signifiant cohésion et solidarité

Du côté de Xtrema, ce sont ses recherches universitaires sur la danse qui l’a poussé à explorer la culture malgache. « Je devais parler de la danse mais il fallait trouver un angle particulier. On m’a demandé de me tourner vers les danses traditionnelles malgaches mais comme je n’en pratique pas, puisque je suis plutôt dans la danse urbaine, je n’en voyais pas l’intérêt. Je me suis donc rendu compte que c’était possible d’exploiter les richesses culturelles malgaches et je suis tombé sur l’art Zafimaniry avec ses symboles et ses significations. » Comme sa danse se rapproche plutôt du côté géométrique en réalisant des formes comme le carré, le triangle ou rectangle avec son corps, il n’a pas hésité à faire des tests en réinterprétant les symboles Zafimaniry. Par exemple, on retrouve le Ringitra ou Rainures qui signifie ensemble avec amitié, Voambagnana pour représenter la solidarité et la cohésion ou encore le Mason-tantely pour le partage du bonheur, l’honnêteté, la solidarité dans les travaux à entreprendre. « Ce que vous voyez sur les photos, ce sont juste des poses mais il faut continuer les mouvements et les figures pour pouvoir représenter les symboles. Comme j’ai l’habitude de faire du tutting, reproduire ses symboles n’étaient pas si compliqué. »

Figure 3
Taolan’amalona signifiant égalité des droits
Figure 4
Mason-tantely signifiant partage du bonheur, honnêteté, solidarité dans les travaux à entreprendre

D’ailleurs depuis 2022, Xtrema est considéré comme la référence malgache en tutting après avoir été classé dans le Top du championnat mondial Geometric Madness Online. « J’étais le premier dans la sélection pour le continent africain et ensuite, dans le Top 8 pour la sélection par pays. Je suis fière puisque j’ai battu des danseurs internationaux que je suis sur les réseaux sociaux et dont j’ai regardé avec envie les vidéos. » Mais Xtrema n’est pas à sa première victoire. Il a déjà remporté le battle national durant le festival de danse urbaine Ambony Ambany en 2018 et depuis, il ne compte plus ses trophées ! Aujourd’hui, la danse est devenue son métier après avoir suivi plusieurs formations, ateliers et workshops. « J’enseigne la danse urbaine. Pour le tutting mélangé à l’art Zafimaniry, je le partage plutôt durant les ateliers comme ce que j’ai pu faire l’année dernière pendant la tournée des alliances françaises à Tamatave, à Diégo et Antsorabe. C’est une façon pour moi d’attirer les jeunes à découvrir une facette de la culture malgache à travers la danse et de leur apporter une ouverture d’esprit.»

Conscient qu’il a beaucoup à apprendre sur la culture Zafimaniry, Xtrema prévoit de partir dans la région pour découvrir leur mode de vie et surtout leur façon de sculpter. « Je pense que voir comment ils travaillent m’aidera à faire évoluer mes recherches et peut-être retranscrire ses gestes à travers la danse. Sinon, je travaille sur la création d’une pièce assez longue, environ 45 minutes, où je mettrais en avant à la fois le finger tutting et tout le corps. Donc, je suis à la recherche de collaborations.» Il lui reste donc du travail car cela ne se fait pas en un claquement de doigts !  

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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