Kheman « Rétablir les sound systems à Madagascar »
15 janvier 2024 // Musique // 9009 vues // Nc : 168

Bien qu’il existe depuis presque 60 ans, le reggae reste une musique sous-estimée d’après l’artiste reggae Kheman. Alors, il fait sa part avec sa musique, et avec le sound system Ital Tunes. Grâce à ces deux activités, il veut diffuser le reggae à un public plus large, le débarrasser des stéréotypes et faire comprendre ce dont cette musique est capable.

Pourquoi Ital Tunes Sound System ?
Le sound system, c’est comme une boîte de nuit où on ne passe que du reggae et du dance hall, avec des animations spéciales.
C’est un partage de culture et de musique. Sans cette plateforme, c’est difficile de diffuser le reggae dans la masse. C’est pour être diffusé dans les sound systems que le reggae a vu le jour, et ce sont les sound systems qui le propagent, plus que la radio et la télévision.
À Mahajanga, il y avait le Kilimandjaro Sound, et le Kingston Sound, puis il y a eu One Love Sound à Antananarivo. Mais depuis une dizaine d’années, Ital Tunes Sound System est le seul qui est actif à Madagascar.
Nous avons arrêté il y a trois ans et nous nous sommes rendu compte qu’il n’y en avait plus, alors nous sommes en train de reprendre, et si tout se passe bien il y aura un sound system bientôt.

Dans ce genre d’événement, il y a plusieurs sous embranchements : le selecta qui choisit les musiques, et il y a le DJ qui est aussi le maître de cérémonie, c’est plutôt un animateur. Je suis à la fois selecta et DJ. Peut-être qu’il y aura une centaine de personnes au début, puis des milliers plus tard, réunis chaque semaine.

Mais y a-t-il une offre à la hauteur d’un sound system à Madagascar ?
J’ai commencé à être animateur sound system vers 2011, à Fianarantsoa. La salle était pleine à craquer alors que c’était une soirée reggae improvisée, de 20 heures à quatre heures du matin. Suite à quoi un connaisseur s’est approché pour nous dire qu’il ne s’attendait pas à être aussi impressionné à Madagascar. Sachant que cette personne a déjà assisté à des sound systems en Afrique du Sud et au Japon, entre autres. C’était un retour très encourageant pour une première soirée, alors j’ai continué. Il y avait aussi un projet de One Regime Album en 2016. C’est-à-dire qu’au lieu d’un album où il n’y a qu’un seul artiste, il y a un seul instrumental sur lequel plusieurs artistes chantent, il peut donc y avoir 15 artistes sur l’album. Ce projet voulait intégrer un artiste par pays, et j’ai été très ravi d’avoir été choisi pour Madagascar.

Justement, quelle musique proposez-vous ?
Je travaille avec les genres de musique qu’on trouve dans le sound system, mais actuellement, je donne plus de place à mes propres inspirations. Il y a certains titres où avec des touches malgaches, mais au lieu de fusionner les genres musicaux, je les arrange comme une suite : du ska, de la musique du sud de Madagascar, du ska, du salegy pour revenir au ska après. Même en incorporant plusieurs influences, je garde l’authenticité de la musique.

Pour quelle finalité ?
Je laisse le spirituel et le surnaturel aux autres, même si j’admire les artistes qui sont très poétiques dans leur expression. Je suis plus terra à terre avec des sujets comme la politique pratique, l’économie, l’éducation et l’écologie. Ce sont des thèmes qui me tiennent à cœur car il y a des idées que je veux développer dans ces sujets-là. Je m’engage donc sur plusieurs fronts, mais c’est la cause d’environnementale qui me tient le plus à cœur. Je suis également panafricaniste et afrocentriste, sans pour autant tomber dans un communautarisme raciste. Car il arrive que l’afrocentrisme soit considéré comme une idée qui écarte tout ce qui n’est pas africain, or, s’aimer soi-même ne veut pas dire détester les autres.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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