Economie : 1300 ans d’affaires et d’ombres
6 juillet 2025 // Histoire // 1174 vues // Nc : 186

Madagascar et l’économie, l’histoire ne date pas d’hier. C’est en tout cas ce qu’affirment les économistes et historiens réunis à la Cité des Cultures, les 3 et 4 juin derniers, pour un colloque sobrement intitulé : « Madagascar, plus de 1300 ans d’histoire économique vivante ». Une initiative de FTHM Consulting et du département d’Histoire de l’Université d’Antananarivo, qui a mis en lumière un pan méconnu — mais essentiel — du passé de l’île : son enracinement ancien dans les échanges commerciaux.

« Entre mers et terres, sociétés et économies à Madagascar précolonial ». Le titre de la communication d’Helianta Rajaonarison a sonné comme une révélation. Loin de l’image d’une île isolée, Madagascar apparaît, dès les premiers siècles, comme un carrefour animé, un terrain de commerce et de convoitise. « Terre vide d’hommes, mais pleine de ressources », selon l’expression consacrée, elle attire rapidement marchands et navigateurs. Le grand Sud-Est, surtout, devient zone de transit : esclaves, bois rares, objets exotiques… les arabo-musulmans y font escale avant de poursuivre vers l’Austronésie.

Le site de Mahilaka, analysé par la Pr Chantal Radimilahy, cristallise cette histoire. À la fois comptoir et centre de résidence, il reliait Vohémar — point de contact stratégique — à un réseau économique vaste et dynamique. Les fouilles y révèlent mosquées, poteries, perles, tombes. Autant de traces d’une économie déjà bien ancrée.

Mais c’est le commerce d’esclaves qui, pendant longtemps, va constituer l’épine dorsale de cette économie. Avant même Flacourt, au moins vingt traitants opéraient déjà sur la côte Est. Fort-Dauphin, alors, tourne à plein régime. Les rois malgaches y participent activement. Jusqu’en 1817, où Radama Ier, conseillé par les Britanniques, signe un traité d’abolition. Officiellement pour unifier le royaume — officieusement pour rééquilibrer les forces. L’arrêt brutal du commerce finit par pénaliser certains Hova, grands revendeurs d’esclaves. Et plonge le pays dans un cycle de violences internes, les guerres entre clans malgaches se poursuivant pour alimenter malgré tout les circuits de traite.

Plus tard, Rainilaiarivony renoue avec les affaires — à sa manière. Soutenu par Andafiavaratra, entouré des Tsimiamboholahy, il développe son propre réseau d’importation depuis l’Europe et Maurice, tandis que son fils Rajoelina tente de le renverser. On retrouve leur nom jusque dans l’exploitation aurifère aux côtés de Léon Suberbie. La monarchie se fissure, les rivalités internes s’exacerbent.

En 1885, le révérend Baron signe une lettre au vitriol, qui sonne comme un verdict : « Les médiocres se pavanent et les rapaces remplissent nos terres. » Un constat amer, presque prophétique, qui résonne encore dans les débats d’aujourd’hui.

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Chaque mois de juillet, un phénomène saisonnier bien malgache s’observe : la migration estivale des familles tananariviennes vers leurs villages d’origine. Loin du bitume, des bouchons et de la Jirama capricieuse, c’est le grand plongeon anthropologique. À l’arrivée, les enfants ouvrent des yeux ronds : « Quoi, on peut faire bouillir de l’eau sans micro-ondes ? » Feu de bois, bassine en plastique et douche à ciel ouvert deviennent soudain les nouvelles technologies de pointe. On redécouvre que l’on peut cuisiner sans vitro-céramique, que les zébus ont toujours la priorité, et que l’eau du puits, ça muscle les bras et l’esprit. Quant au réseau mobile, il s’obtient en grimpant dans le manguier le plus proche. Mais attention, pas question de se moquer. Ce retour aux sources est aussi retour à l’essentiel : repas partagés, récits de grand-mère, jeux sans écran. Et en bonus, un stage intensif en autonomie énergétique, bien utile pour affronter les coupures à Tana. Finalement, c’est peut-être le village qui est le plus en avance. Bonnes vacances… et bon bain (à la bassine) !

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