Jaofeno Hopper : « Il faut être à jour pour faire des clips de qualité »
23 février 2025 // Cinéma // 7350 vues // Nc : 181

Quand Jaofeno Hopper fait chauffer la caméra, c’est pour les stars ! Avec son studio HPC Photography, il signe des clips de Black Nadia, Lianah, Big MJ, Tence Mena ou encore Jean Aimé. Dans un monde où les réseaux sociaux mettent les clips à portée de clic, l’innovation est essentielle. Heureusement, Jaofeno Hopper et son complice de toujours, son frère Ma’joo Oo’maj, sont prêts à relever tous les défis pour rester dans le tempo.

La naissance d’un clip ?
Tout commence par la chanson : l’artiste nous la confie, et on se plonge dedans pour en tirer une étude approfondie. Une fois le script écrit, je le garde sous clé jusqu’à ce que l’artiste soit prêt à tourner. Pourquoi ? Parce que j’ai déjà vu des scripts filer ailleurs pour des tournages faits par d’autres. Pas question que ça se reproduise ! Une fois l’accord en poche, je lui détaille le plan d’action et les équipements nécessaires. Si le budget fait grimper les sourcils, pas de panique : je propose une version allégée, mais tout aussi percutante. Ensemble, on ajuste tout pour que ça colle parfaitement à ses attentes.

Un tournage mémorable ?
Pour le clip de « Fangilinao » de Black Nadia, on devait tourner en plein jour, en sous-bois. Tout était calé, mais le temps pour le maquillage – parce qu’une femme doit être au top devant la caméra – nous a un peu retardés. Heureusement qu’on avait un groupe électrogène sous la main, sinon on était cuits ! Le plan initial, c’était de finir vers 16h ou 17h… Résultat ? On a bouclé à quatre heures du matin, en plein hiver, dans le parc de Mandraka. Et pour couronner le tout, retour en pick-up sous un froid glacial. Mais au final, le clip en valait la peine. Les imprévus, ça fait partie du jeu, et on s’adapte toujours à la situation.

Comment évoluent les clips maintenant ?
Les clips évoluent et on essaie de sortir du trop littéral. Par exemple, si les paroles disent « boire de l’eau » ou « se promener », certains artistes insistent pour qu’on filme exactement ça. Mais la réalisation, c’est bien plus que ça – il faut suivre les tendances et se renouveler. Malheureusement, tous les clients ne sont pas toujours à la page. Chaque année, on monte en qualité, que ce soit sur le plan technique ou visuel. Nos équipements deviennent de plus en plus pros : certains demandent même du 8K, alors que les chaînes de télé malgaches ne diffusent encore qu’en full HD. Ce qui m’impressionne aujourd’hui, c’est la netteté des images, un vrai bond en avant. Mais au final, chaque réalisateur apporte sa vision, en fonction de son client et de l’impact qu’il veut avoir sur le public.

Et l’influence des réseaux sociaux ?
Dans le milieu, il y a des artistes qui ont de vraies querelles, et d’autres qui jouent la carte du faux clash pour le buzz. Résultat : on voit débarquer des faux comptes dans les commentaires, souvent là pour semer la discorde. On fait la part des choses : on écoute les critiques constructives qui peuvent nous aider à progresser, mais les messages de haine ? On les laisse de côté.

Y a-t-il des limites dans votre travail ?
À Madagascar, il y a les « soatoavina », et ça impose des limites, même aux artistes. Certains explorent la musique tropicale et jouent sur l’esthétique des corps, mais avec les « soatoavina », on ne peut pas tout se permettre, même en poussant le visuel au max. La liberté reste encadrée. Beaucoup s’inspirent de Beyoncé ou de clips américains, sans filtre et ultra-audacieux. Mais ici, même si on crée des images sublimes, il arrive qu’elles soient interdites de diffusion à la télé. Résultat ? On doit tout refaire.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Facebook : HPC Photography
paulhopper24@gmail.com
0344622843

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Lire

9 décembre 2025

Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Disco Afrika, réalisé par Luck Razanajaona, devient le premier film malgache soumis aux 98ᵉ Oscars dans la catégorie Meilleur film international, aprè...

Edito
no comment - Shows devant !

Lire le magazine

Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

November Numérique

November Numérique à l'IFM

no comment - November Numérique

Voir