Louise Chopinet « L’Europe en 30 jours par voilier porte-conteneurs »
7 décembre 2022 // Entreprendre // 4515 vues // Nc : 155

Alors que le secteur maritime est responsable de 3 % des émissions de CO2 dans le monde, la société coopérative Windcoop se prépare à construire un nouveau cargo à voile, opérationnel en 2025. Ce sera la seule ligne directe entre l’Europe et Madagascar, explique sa directrice générale.

Windcoop, une compagnie maritime militante ?
Le mot anglais « wind » (vent) est en référence à la source d’énergie choisie tandis que « coop » désigne notre modèle économique, qui n’est pas très courant dans le secteur du fret maritime. L’objectif est de répondre aux enjeux de la transition écologique par le biais du modèle coopératif, en construisant des navires modernes permettant le transport de marchandises à voile. Nous voulons installer un modèle durable à la fois respectueux de l’homme et de l’environnement.

Qui sont ses fondateurs ?
Windcoop est née de la rencontre de Matthieu Brunet, dirigeant d’Arcadie, une entreprise qui souhaitait décarboner le transport des épices bio qu’elle importe de Madagascar vers la France, et de Julien Noé, président fondateur d’Enercoop, coopérative fournisseur français d’énergie d’origine renouvelable, et de la compagnie maritime Zéphyr & Borée qui a développé Canopée, le premier cargo à voile moderne : dédié au transport du lanceur Ariane 6, il sera sur l’eau en fin d’année, en collaboration avec Jiffmar Offshore Service.

Il s’agit bien d’une contribution participative. Notre modèle économique offre la possibilité à tous les citoyens, entreprises et institutionnels de devenir sociétaires via la plateforme citoyenne Lita.co et ainsi de contribuer directement à la transition du secteur maritime.

Windcoop sera donc la seule ligne directe entre l’Europe et Madagascar ?
Tout à fait, et c’est un argument massue au niveau commercial, cela attire de nombreux chargeurs. Notre offre de conteneurs est plus chère que le marché pré-covid mais nous proposons un temps de transport de 30 jours en ligne directe sans transbordement. Le porte-conteneurs sera propulsé par 2 350 m2 de voiles réparties sur deux mâts. Il disposera également d’un moteur thermique fonctionnant au biocarburant, pour effectuer des manœuvres ou passer une zone sans vent. Enfin, il sera équipé d’une grue permettant de charger et décharger directement les conteneurs.

Qu’entend-on par navire bas-carbone ?
Nous avons choisi de remettre au goût du jour la propulsion vélique, c’est-à-dire l'usage du potentiel énergétique du vent pour motoriser le navire, en développant l’un des tout premiers porte-conteneurs à voile bas carbone. Le vent est une ressource propre, gratuite et inépuisable. Nous sommes convaincus que la transition énergétique des navires doit se baser sur cette énergie. Au-delà de notre conviction, l’Organisation maritime internationale a imposé une réduction des émissions polluantes de la flotte mondiale à l’horizon 2030. Les principaux acteurs du secteur s’emparent de la question écologique, et vont renouveler leur flotte vers des navires moins polluants au moyen de technologies avec différents niveaux de maturité.

« Le vent est une ressource propre, gratuite et inépuisable »

Qu’est-ce que cela représente en termes d’économie ?
Sur la ligne France-Madagascar, nos prévisions indique en moyenne 60 % d’économie de carburant ce qui revient à 724 tonnes de gaz carbonique (CO2) en moins qu’un navire à moteur avançant à une vitesse moyenne de huit nœuds. Cela équivaut à moins d’un gramme de CO2 émis par tonne de marchandise transportée sur un kilomètre. Sur la ligne transatlantique connue pour ses vents très favorables nous pouvons réaliser jusqu’à 90% d’économie d’énergie.

Ce navire sera-t-il écoresponsable à 100 % ?
Nous aimerions privilégier une construction écoresponsable, mais malheureusement cette certification de construction « verte » de navire n’existe pas encore. De plus, l’acier, sa production et son utilisation ne sont pas écoresponsables, même si aujourd’hui il est envisageable de se tourner vers de l’acier recyclé. Pour autant, le navire répond parfaitement au marché de Madagascar, s’agissant aussi bien du port principal que des ports secondaires. Long de de 85 mètres, il pourra transporter 100 conteneurs de 20 pieds, soit 1 400 tonnes de fret. Un volume faible comparé aux plus petits porte-conteneurs actuels, qui convoient rarement moins de 600 boîtes. 

Quel sera l’impact social du projet, au niveau de l’emploi notamment ?
L’équipe compte aujourd’hui sept salariés, mais nous devrions être une vingtaine à terre d’ici 2025, date d’ouverture de la ligne France-Madagascar, pour la gestion intrinsèque de la coopérative. Sur le navire nous prévoyons d’embaucher dix marins, moitié français, moitité malgaches, avec des conditions de travail respectueuses des genres et des alternances d’embarquement permettant une bonne vie à terre et des perspectives d’évolution égalitaires.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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