Hafaliana Andriamisandratra : Chi va piano…
1 décembre 2022 // Musique // 9626 vues // Nc : 155

Prix du Conservatoire de Paris et déjà enseignant sous licence Yamaha, ce jeune pianiste en a clairement sous la pédale, comme on dit. Épris de Chopin et de Debussy, c’est néanmoins vers la composition de musiques de films qu’il pense se diriger.

« Dans la musique classique, je recherche plus la musicalité que la virtuosité. J’aime les nuances, les expressions, les mélodies que transmettent mes mains quand je joue », confie Hafaliana Andriamisandratra, 23 ans, étudiant depuis quatre ans au Conservatoire international de musique de Paris. Son récital au Cercle germano-malgache (CGM) à Analakely en novembre dernier, lors de son passage à Madagascar, a été l’occasion de montrer toute l’étendue et la richesse de son clavier. Pour la circonstance, le jeune pianiste avait choisi de puiser dans le grand répertoire romantique avec la Polonaise héroïque de Chopin (il ne cache son faible pour l’écriture dramatique et émotionnelle du compositeur polonais, « particulièrement ses quatre Ballades et le Concerto. » et la Sonate en Ut mineur Op.10 1er mouvement de Beethoven, sans s’interdire l’approche plus impressionniste de l’Arabesque n°2 de Debussy.

« Le piano peut rendre toutes sortes de sons comme un orchestre, j’ai tout de suite su que j’allais en faire mon métier. »  Il a 13 ans lorsqu’il découvre le piano et la musique classique au Centre régional d’enseignement de musique à Antsirabe. Actuellement en classe de perfectionnement, il vient de remporter le Prix du Conservatoire avec une note de 17 sur 20, ce qui donne une idée de son potentiel. En parallèle, il poursuit des études en classe préparatoire à l’enseignement au sein du Conservatoire à rayonnement régional de Versailles, autre temple de la musique classique en France, où pas moins de 150 professeurs forment chaque année 2 500 élèves.

Hafaliana Andriamisandratra n’a pas grandi dans une famille de musiciens. Il n’est pas né avec un Steinway à côté de son berceau. Tout ce qu’il a acquis c’est à force de travail, des  milliers d’heures à s’escrimer sur les touches noires et blanches de son instrument. « La musique classique est difficile, elle exige de la discipline, de l’endurance et de la patience, mais quel bonheur quant à force d’entraînement vos doigts parviennent enfin à atteindre les touches inaccessibles ! » Bien que déjà professeur à l’école Yamaha Music School de  Colmar, en Alsace, le jeune homme sait que dans son milieu, « on est en apprentissage à vie » et que la transmission du savoir est en soi un plaisir, après la douleur des premières leçons de solfège. « L’art est difficile. Je peux vous dire que mes élèves juristes ou avocats préfèrent largement étudier leurs cours de droit qu’une portée de musique classique, mais il faut bien en passer par là ! » 

Il admet que le piano a décuplé son niveau de concentration et de mémoire. « Quand on joue, tous les sens sont sollicités. En ce sens, je peux dire que le piano a forgé ma personnalité. » Et contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la rapidité du jeu qui fait le virtuose, mais la qualité du son et la capacité à faire passer une émotion. « La technique est un moyen pas une fin en soi. J’admire comment les pianistes de jazz parviennent à se détacher de la note écrite pour improviser et exprimer tout ce qu’ils ressentent sur le moment. C’est une autre  technique et du moment que la musicalité est là, toutes les musiques se valent. »

Il a intégré le réseaudes écoles de musique enseignant sous licence Yamaha grâce à un concours d’entrée passé cette année. Les Yamaha Music Schools, basées dans une quarantaine de pays,existent depuis une cinquantaine d’années et développent des techniques innovantes destinées à tous les âges, pratiquement dès 3 ans. « J’ai choisi ce réseau qui a déjà formé six millions d'étudiants à travers le monde entier, car cela t’accrédite et te protège au niveau professionnel. » Au-delà de l’enseignement et de ses propres études cours, le jeune homme se produit tous les ans à l’église Saint-Merri, en plein cœur deParis, et au Studio l’Accord Parfait où toutes les musiques du monde ont droit de cité.

L’avenir ? Se produire comme pianiste, bien sûr, mais pourquoi pas aussi se tourner vers la composition de musiques de films ? « En toute honnêteté, je ne pense pas pouvoir composer des sonates comme Beethoven. Mais j’aime créer de la musique en me basant sur des histoires. » De la Leçon de piano au Pianiste, il est vrai que cela ouvre la voie à bien des chefs d’œuvre.


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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