Grenouille diamant, grenouille heureuse… J’y croâ pas !
8 juillet 2020 // Nature // 3646 vues // Nc : 126

En juin dernier, deux nouvelles grenouilles endémiques de la Grand Île ont été décrites par des chercheurs malgaches et étrangers dans la très sérieuse revue « Zoostematics and Evolution ». L’une de toute petite taille pourrait tenir dans un bénitier, c’est dire,  l’autre est un vrai bijou sur pattes…

Découverte dans la région SAVA en 2012, plus précisément dans le massif de Sorata, district de Iharana, par une équipe de scientifiques malgaches et allemands, Platipelys laetus est la dernière venue dans la grande famille des grenouilles endémiques de Madagascar. « Elles sont phytothélmiques, ce qui signifie qu’elles vivent dans un trou de bambou contenant de l’eau », explique le Dr Andolalao Rakotoarison, herpétologiste, à l’origine de la découverte. De petite taille par rapport aux autres espèces de Platypelis, elle mesure entre 24,3 et 25,6 mm, mais la forme et la couleur de son corps sont caractéristiques de l’espèce avec une coloration verdâtre au niveau de la gorge. La poitrine et le ventre antérieurs sont translucides et gris avec des taches blanches bien distinctes.

Cette nouvelle espèce a été classée dans le même groupe que Platypelis olgae du massif de Tsaratanana et avec deux autres espèces non confirmées du massif de Sorata et d’Andravory. « Le nom latin ‘‘laetus’’ signifiant ‘‘heureux’’ fait référence à la joie et au bonheur que j’ai ressenti en travaillant sur les grenouilles Minis de Madagascar », confie le scientifique. Avec Platypelis laetus, il existe donc à ce jour 368 espèces de grenouilles répertoriées à Madagascar,  soit 5 % de la population d’amphibiens dans le monde.

La deuxième espèce répondant au doux nom de Rhombophryne ellae a été découverte dans le parc national de la montagne d’Ambre dans l’extrême-nord de Madagascar. Endémique de la Grande Île, cette grenouille diamant a, elle, été décrite par le Dr Mark D. Sherz, herpétologiste allemand, dans la même revue. Ce site de la Montagne d’Ambre est connu pour sa flore et sa faune endémiques, ses lacs de cratères et ses cascades. C’est une zone relativement bien étudiée mais à ce jour, seules deux études ont été publiées sur les reptiles et amphibiens du parc. « Au cours de ces dix dernières années, beaucoup de grenouilles diamants du genre Rhombophryne ont été découvertes et des espèces sont encore en attente de description », souligne-t-il.

Ce petit bijou doit son nom aux feux singuliers de sa robe. « Sans attendre les résultats des séquences ADN, j’ai compris que c’était une nouvelle espèce : les marques flash orange sur les pattes et les grandes taches noires sur la hanche me l’ont immédiatement fait comprendre. J’ai étudié beaucoup d’espèces de Rhombophryne et il n’y en a aucune décrite avec de telles pattes orange, et seules quelques espèces ont ces marques noires sur la hanche. Il est inhabituel que nous trouvions une grenouille et que nous puissions immédiatement reconnaître que c’est une nouvelle espèce sans avoir à attendre les résultats de l’ADN, c’est exaltant ! »

Malheureusement, à peine découverte que la petite grenouille est déjà classée parmi les espèces menacées, en raison de son aire de répartition restreinte et de sa micro-endémicité. « Rhombophryne ellae a été capturé en 2018 lors du passage du cyclone Ava sur Madagascar.  Les cyclones jouent un rôle important dans la découverte des grenouilles car ils les font sortir de leur habitat où elles se cachent habituellement. » Pour une fois qu’un cyclone accouche d’un diamant !

Propos recueillis par  Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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