Fiza : Pas bidon !
4 février 2025 // Métiers & Petits Métiers // 3861 vues // Nc : 181

Aux abords des rues d’Amboditsiry, plus d’une cinquantaine de bidons jaunes s’alignent près d’une pompe. Fiza est toujours dans les parages, aux horaires de travail qui traversent la nuit. Porteur d’eau, il s’occupe d’aligner les bidons. À 19 heures, il commence à attendre que l’eau revienne pour les remplir et les ramener au petit matin.

Plus de deux ans que l’approvisionnement d’eau à la pompe d’Amboditsiry est en panne pendant la journée : l’eau n’y coule que la nuit, sans horaire fixe. Fiza et ses compagnons s’y installent en début de soirée, après le dîner. « L’eau ne coule pas le jour. Elle commence à arriver vers 22 heures. Je remplis les bidons et je reste là à les garder jusqu’à ce que je puisse les ramener. » Fiza n’attend que les aurores pour les ramener auprès des maisons propriétaires. « Je ne peux pas les laisser, mais je ne peux pas non plus les ramener au milieu de la nuit. Il faut attendre autour de quatre ou cinq heures du matin. » En équipe, Fiza et ces quatre compagnons – tous porteurs – ne craignent pas la nuit. « Si l’on commence à remplir à 22 heures, tout est plein vers trois heures du matin. »

Des bidons de plus d’une dizaine de ménages s’alignent à cet endroit tous les jours. En début d’après-midi, le porteur reprend les bidons auprès de ces propriétaires pour les aligner près de la pompe, et la routine reprend à 19 heures.

Ils sont cinq à six foyers, déjà clients fidèles de Fiza. Un bidon lui rapporte entre 500 et 600 Ariary selon la distance, et le porteur ne limite pas ses trajets dans ce quartier d’Amboditsiry. Aux temps qui courent, Fiza admet que c’est une somme qui reste assez serrée, et c’est sa femme qui apporte son aide en étant lavandière. « L’argent s’épuise vite de nos jours : si je gagne 10.000 ou 15.000 Ariary par jour, ce n’est pas assez pour nourrir ma famille ». Un métier qui demande bien des forces. Pour Fiza, qui a auparavant travaillé dans une société aux alentours, il faut s’habituer à ces nouveaux horaires. « Au début, il était difficile de m’adapter aux horaires de nuit et de rester éveillé, mais avec le temps, j’ai fini par m’habituer. » Dans le quartier, tout le monde le connaît : Fiza rend service à des clients fidèles, des foyers parfois ayant une pompe, mais que la panne a également touché. « Je peux faire jusqu’à une vingtaine, parfois même une trentaine de bidons en une nuit de travail. » Au physique et au mental de fer, Fiza reste positif : « Un travail est toujours agréable quand on le fait avec le cœur pur. » Le père de famille avance fièrement malgré la fatigue. « Il y a eu des protestations l’année dernière, mais les solutions n’ont pas été satisfaisantes. On nous a également promis à plusieurs reprises de régler la panne d’approvisionnement, mais cela n’a pas été fait. » Maintenant, Fiza espère voir la panne du jour résolue, pour que ses nuits soient de meilleurs repos.

Rova Andriantsileferintsoa

Numéro : +261 34 16 052 13

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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