Andriamamonjisoa Nandrianina « Il était temps de produire notre papier toilette »
5 mai 2021 // Entreprendre // 5184 vues // Nc : 136

La Spah se spécialise dans la transformation des déchets en produits hygiéniques, notamment le papier toilette. Une activité écoresponsable qui n’est certes pas au bout du rouleau, explique Andriamamonjisoa Nandrianina, manager de l’usine d’Ambohimanambola.

Société de production d’articles hygiéniques (Spah)

Pourquoi ce choix de se spécialiser dans la transformation de papier d’hygiène à base d’ouate de cellulose ?
D’abord parce que nous sommes une entreprise écoresponsable, et d’ailleurs la seule papeterie de l’océan Indien.
Connue à l’origine sous le nom Papmad (Papier de Madagascar), la Spah a été créée en 2012 par Nirina Rajaonary qui, à son retour de l’étranger, a compris que pour développer un pays il faut répondre localement aux besoins de la population.
En même temps, il a constaté que le papier toilette est un produit importé alors qu’il peut être produit sur place.
Actuellement, la société produit uniquement du papier toilette sous la marque Lys. En moyenne, nous utilisons 50 à 80 tonnes de déchets par mois pour une production de 600 000 à 1 000 000 de rouleaux par mois. Ces produits sont ensuite vendus sur le marché à des prix très abordables pour les consommateurs.  

D’où viennent les déchets de papier que vous utilisez ?
Des imprimeries, des ONG, des entreprises et des établissements publics et privés. Ils sont récupérés chez nos fournisseurs gratuitement. Nous récupérons également les déchets des particuliers, les cartons, les tissus, pour faire du combustible, en remplacement du bois de chauffe, pour notre chaudière biomasse. Une toute petite partie des matériaux, entre 5 et 10 %, est importée.

Le « Vita Malagasy » (Fait à Madagascar) attire-t-il la population locale ?
Je dirais que les Malgaches commencent à changer progressivement leur mentalité en consommant de plus en plus local. Il faut savoir qu’il y a deux types de papiers hygiéniques à Madagascar, ceux qui sont importés de Chine ou d’ailleurs et ceux qui sont transformés localement. Parmi les papiers hygiéniques transformé localement, ils sont à leur tour, divisés en deux : ceux qui importent des « jumbo rolls » (rouleaux géants) et les retransforment en rouleaux individuels, et nous, chez Spah, qui   fabriquons notre papier de A à Z. Nous sommes la seule usine à le faire à Madagascar.

Comment passe-t-on du stade déchets à celui de papier toilette ?
Une fois les déchets récupérés chez nos fournisseurs, nous devons les trier, en distinguant les vieux papiers blancs, les vieux papiers mêlés ou les autres comme les cartons ou les sachets. Ils sont ensuite entreposés puis broyés pour obtenir une pâte. Cette pâte est alors tamisée et lavée pour enlever les restes de sachets, de limaille de fer ou d’encres, puis transformée en « jumbo roll » dans une cuve. Elle passe par la machine à papier pour être séchée, enroulée et mise en bobine. Cette dernière passe par une autre machine qui les transforme en bobineaux, puis en en rouleaux.

Le recyclage est-il un des piliers de l’économie de demain ?
Qui dit économie circulaire dit réutilisation et transformation des déchets. Il est possible de créer de la richesse à partir du recyclage en limitant le gaspillage, en transformant les déchets en matières exploitable et durable. Dans les 20 prochaines années, tous les pays dont Madagascar seront confrontés à la problématique des ordures, si ce n’est déjà le cas. Au lieu de les brûler et de les incinérer, nous les récupérons, les transformons en produit de grande consommation. Cela nous permet de réduire l’impacts des déchets sur la société, d’aider les communes à ne pas remplir Andralanitra et de répondre aux besoins de la population locale.

Un défi écologique autant que social ?
La création d’industrie locale entraîne la création d’emplois directs et indirects. Les riverains en sont les premiers bénéficiaires pour redynamiser l’économie locale. Nous faisons travailler 68 personnes dont la moitié est des femmes. La société compte étendre ses produits à base de papier comme les essuie-tout ou les mouchoirs.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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